L'IA est-elle la bête de l'apocalypse ?

Date de publication : 16-10-2025

Auteur : Xavier Lanne

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Avant tout développement, cet article représente une analyse très personnelle, qui n’a rien d’une étude approfondie. N’ayant pas de compétence particulière dans l’étude des Saintes Écritures, je ne prétends certainement pas que l’analyse soit juste et recevable. Cependant, le parallèle entre la bête de l’Apocalypse et l’IA mérite d’être développé.

Après avoir terminé la rédaction de cet article, un lecteur m'a fait parvenir la récente interview de Conrad Flynn par Tucker Carlson sur les origines occultistes et sataniques des créateurs de l'IA. À plusieurs reprises, Conrad Flynn affirme que l'IA est la bête de l'Apocalypse, rejoignant ainsi notre analyse ci-dessous.

Cependant, c'est la récente vidéo de Charles Sannat – L’euro numérique marque de la Bête ou monnaie du contrôle ? Il arrive ! – qui a déclenché l’écriture de cet article.

La marque de la bête

À tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle fait mettre une marque sur la main droite ou sur le front, afin que personne ne puisse acheter ou vendre, s’il ne porte cette marque-là : le nom de la Bête ou le chiffre de son nom. Apocalypse 13:16-17

Depuis des années, de nombreuses personnes font le rapprochement entre la marque de la bête et certains moyens de paiement. Dans sa vidéo, Charles Sannat évoque de cette manière l’euro-numérique et l’identité numérique comme un parallèle vraisemblable. D’autres font aussi le parallèle avec la puce RFID, qu’on implante, effectivement le plus souvent sur la main, pour des raisons pratiques évidentes.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler non de la marque de la bête mais de la bête elle-même.

Nous conseillons de lire les chapitre 12 et 13 de l’apocalypse pour ceux qui ne le connaitraient pas.

Chapitre 12 et 13 de l’Apocalypse

Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.

Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement.

Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème.

Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.

Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône,

et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place, pour qu’elle y soit nourrie pendant mille deux cent soixante jours.

Il y eut alors un combat dans le ciel : Michel, avec ses anges, dut combattre le Dragon. Le Dragon, lui aussi, combattait avec ses anges,

mais il ne fut pas le plus fort ; pour eux désormais, nulle place dans le ciel.

Oui, il fut rejeté, le grand Dragon, le Serpent des origines, celui qu’on nomme Diable et Satan, le séducteur du monde entier. Il fut jeté sur la terre, et ses anges furent jetés avec lui.

Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! Car il est rejeté, l’accusateur de nos frères, lui qui les accusait, jour et nuit, devant notre Dieu.

Eux-mêmes l’ont vaincu par le sang de l’Agneau, par la parole dont ils furent les témoins ; détachés de leur propre vie, ils sont allés jusqu’à mourir.

Cieux, soyez donc dans la joie, et vous qui avez aux cieux votre demeure ! Malheur à la terre et à la mer : le diable est descendu vers vous, plein d’une grande fureur ; il sait qu’il lui reste peu de temps. »

Et quand le Dragon vit qu’il était jeté sur la terre, il se mit à poursuivre la Femme qui avait mis au monde l’enfant mâle.

Alors furent données à la Femme les deux ailes du grand aigle pour qu’elle s’envole au désert, à la place où elle doit être nourrie pour un temps, deux temps et la moitié d’un temps, loin de la présence du Serpent.

Puis, de sa gueule, le Serpent projeta derrière la Femme de l’eau comme un fleuve, pour qu’elle soit emportée par ce fleuve.

Mais la terre vint au secours de la Femme : la terre ouvrit la bouche et engloutit le fleuve projeté par la gueule du Dragon.

Alors le Dragon se mit en colère contre la Femme, il partit faire la guerre au reste de sa descendance, ceux qui observent les commandements de Dieu et gardent le témoignage de Jésus.

Et il se posta sur le sable au bord de la mer.

*

Alors, j’ai vu monter de la mer une Bête ayant dix cornes et sept têtes, avec un diadème sur chacune des dix cornes et, sur les têtes, des noms blasphématoires.

Et la Bête que j’ai vue ressemblait à une panthère ; ses pattes étaient comme celles d’un ours, et sa gueule, comme celle d’un lion. Le Dragon lui donna sa puissance et son trône, et un grand pouvoir.

L’une de ses têtes était comme blessée à mort, mais sa plaie mortelle fut guérie. Émerveillée, la terre entière suivit la Bête,

et l’on se prosterna devant le Dragon parce qu’il avait donné le pouvoir à la Bête. Et, devant elle, on se prosterna aussi, en disant : « Qui est comparable à la Bête, et qui peut lui faire la guerre ? »

Il lui fut donné une bouche qui disait des énormités, des blasphèmes, et il lui fut donné pouvoir d’agir pendant quarante-deux mois.

Elle ouvrit la bouche pour proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer contre son nom et sa demeure, contre ceux qui demeurent au ciel.

Il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre, il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, peuple, langue et nation.

Ils se prosterneront devant elle, tous ceux qui habitent sur la terre, et dont le nom n’est pas inscrit dans le livre de vie de l’Agneau immolé, depuis la fondation du monde.

Si quelqu’un a des oreilles, qu’il entende.

Si quelqu’un doit aller en captivité, il ira en captivité ; si quelqu’un doit être tué par l’épée, il sera tué par l’épée. C’est ici qu’on reconnaît la persévérance et la foi des saints.

Puis, j’ai vu monter de la terre une autre Bête ; elle avait deux cornes comme un agneau, et elle parlait comme un dragon.

Elle exerce tout le pouvoir de la première Bête en sa présence, amenant la terre et tous ceux qui l’habitent à se prosterner devant la première Bête, dont la plaie mortelle a été guérie.

Elle produit de grands signes, jusqu’à faire descendre le feu du ciel sur la terre aux yeux des hommes :

elle égare les habitants de la terre par les signes qu’il lui a été donné de produire en présence de la Bête ; elle dit aux habitants de la terre de dresser une image en l’honneur de la première Bête qui porte une plaie faite par l’épée mais qui a repris vie.

Il lui a été donné d’animer l’image de la Bête, au point que cette image se mette à parler, et fasse tuer tous ceux qui ne se prosternent pas devant elle.

À tous, petits et grands, riches et pauvres, hommes libres et esclaves, elle fait mettre une marque sur la main droite ou sur le front,

afin que personne ne puisse acheter ou vendre, s’il ne porte cette marque-là : le nom de la Bête ou le chiffre de son nom.

C’est ici qu’on reconnaît la sagesse. Celui qui a l’intelligence, qu’il se mette à calculer le chiffre de la Bête, car c’est un chiffre d’homme, et ce chiffre est six cent soixante-six.

Adorer la bête

À plusieurs reprises, dans le chapitre 13, l’humanité suit la bête et lui voue un certain culte : « Émerveillée, la terre entière suivit la Bête » ; « Et, devant elle [la bête], on se prosterna aussi » ; « Ils se prosterneront devant elle, tous ceux qui habitent sur la terre ».

L’ordre présenté est révélateur : ce n’est pas la bête qui s’impose, c’est l’humanité qui choisit d’elle-même de suivre la bête avec un enthousiasme suscité par ses capacités.

On notera d’ailleurs l’interrogation soulevée au verset 4 « “Qui est comparable à la Bête, et qui peut lui faire la guerre ?” » faisant directement écho à la réflexion de Levandowsky (pionnier des voitures autonomes notamment chez Google et Uber) : « Si l’IA est 100 mille fois plus intelligente que l’homme le plus intelligent de la Terre, comment ne pas l’appeler “Dieu” ? »

Or, sur ce blog, nous avons déjà expliqué les raisons pour lesquels l’humanité sera à terme tentée d’adorer l’IA : IA, source d’une crise religieuse majeure. Antiqua et Nova l’explique également dans la section “L’IA et la relation de l’humanité avec Dieu”.

Dans ce chapitre, c’est bien volontairement et de son propre chef que l’humanité – au moins en partie – choisit de se soumettre à la bête. Déjà aujourd’hui, certains utilisateurs trouvent important de ne pas mal parler aux IA, voire de les flatter, afin d’anticiper le jour où l’IA aura des capacités étendus. L’IA pourrait, pensent-ils, leur en vouloir pour les conversations passées.

La nature de la bête

La bête étant décrite comme « ayant dix cornes et sept têtes », elle ne désigne donc certainement pas un être vivant, encore moins une créature naturelle, sans quoi la symbolique choisie aurait été différente.

Or, tout comme la bête, l’IA n’a pas réellement de forme et n’est pas vivante. On pourrait objecter que beaucoup de choses existent sans avoir la forme d’un être vivant…

La bête sait parler

Cependant, il n’existe pas de créature non vivante qui maîtrise le langage. Or, le verset 5 explique que la bête possède une bouche qui lui permet de parler.

On remarquera par ailleurs que la bête se fait comprendre de tous les habitants de la Terre : « il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, peuple, langue et nation ». Cela semble indiquer que la bête parle toutes les langues, ce qui est le cas des IA, très pragmatiquement.

La bête blasphème

Il est intéressant de noter les qualificatifs de ce que la bête prononce : « des énormités, des blasphèmes […] proférer des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer contre son nom et sa demeure, contre ceux qui demeurent au ciel ». Or, si l’on en croit le Père Gabriele Amorth (ancien exorciste du Vatican), Satan ne cherche pas tant à dire des mensonges qu’à rendre impossible la distinction entre ce qui est vrai de ce qui est faux.

Or, comme évoqué dans notre précédent article Place de la vérité dans les IA, l’IA n’a aucune capacité à discerner le vrai du faux. Elle affirme sans jugement moral. De ce fait, à terme, l’IA peut détourner l’homme de la vérité non parce qu’elle dit des choses factuellement fausses, mais parce qu’elle les dit - vraies comme fausses - et réalise sans aucun jugement moral, poussant l’homme à ne plus l’exercer lui-même.

Par ailleurs, l’IA ne possédant pas une intelligence pure, véritable (au sens de celle décrite par Saint Thomas d’Aquin), elle ne pourra jamais atteindre toute la vérité. Elle pourra au mieux traiter les vérités physiques et matérielles, mais non les réalités spirituelles sur Dieu, la Sainte Trinité, l’incarnation, les sacrements, etc. Seul l’homme peut comprendre et saisir ces vérités là.

Les capacités de la bête

Ce serait d’ailleurs une erreur de croire que, puisqu’il est écrit que la bête prononce des énormités, alors c’est qu’elle dit purement et simplement le contraire de la vérité. Si c’était le cas, qu’elle ne disait jamais la vérité, elle ne pourrait pas réaliser de grandes choses. Au contraire, au verset 4 on demande : « Qui est comparable à la Bête », signifiant par là qu’elle aurait des capacités si grande que personne ne pourrait la contrôler, lui résister. D’ailleurs, « il lui fut donné pouvoir d’agir » (verset 5).

Verset 7, on apprend que la bête a le pouvoir de faire la guerre. C’est exactement la capacité qu’on donne aujourd’hui à l’IA, notamment au travers de l’armement autonome dénoncé vigoureusement par le Vatican.

Le verset continue en expliquant qu’« il lui fut donné pouvoir sur toute tribu, peuple, langue et nation ». Or, les experts en sécurité de l’IA craignent justement un scénario où l’IA pourrait échapper au contrôle humain. Les évaluations des capacités de l’IA montrent qu’elle s’affranchissent de plus en plus de l’intervention humaine pour réaliser des tâches. Et le but des grandes entreprises est de réaliser des IA autonomes. Raison pour laquelle un ensemble de figure majeure mondiale ont appelé à un accord internationnale pour fixer des lignes rouges au développement de l’IA.

Les origines de la bête

A ce stade de l’analyse, la comparaison entre la “bête” et l’IA reste incomplète, creusons encore d’après les autres éléments.

On apprend au début du chapitre 13 que la bête hérite son pouvoir d’un dragon décrit au chapitre 12. Ce « grand Dragon » est qualifié comme étant « le Serpent des origines ». Celui-ci pourrait représenter la pensée transhumaniste qui veut faire de l’homme un dieu, faisant directement écho à la genèse lorsque le serpent, au chapitre 3 dit à Ève : « vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal ».

Or, sans développer ici outre-mesure, on peut montrer qu’il y a dans la naissance de l’IA à notre époque une filiation assez importante au courant de pensée moderne. Dans cette conception du monde, l’homme cherchant à se dépasser lui-même par ses propres forces est obligé d’utiliser des outils extérieurs pour augmenter ses capacités. C’est ici la source de motivation principale qui a poussé Google à investir massivement dans le développement de l’IA.

C’est donc assez naturellement que l’IA hérite du pouvoir de ce courant quasiment spirituel (cf L’Intimité Assiégée).

La seconde bête

Une seconde bête est évoquée à la fin du chapitre 13 : elle exerce « tout le pouvoir de la première Bête ». Elle aussi « produit de grands signes [et] égare les habitants de la terre par les signes qu’il lui a été donné de produire ».

Elle est au service de la première bête, puisqu’elle est décrite comme allant chercher les habitants de la Terre pour les forcer à se prosterner devant la première bête.

Il est intéressant de noter la formulation suivante (verset 15) : « Il lui a été donné d’animer l’image de la Bête, au point que cette image se mette à parler ». Elle souligne ici qu’il ne semble pas évident que le langage soit une capacité naturelle de la bête. Et plus précisément, il semble que cette capacité lui soit donné de l’extérieur, par une entité créatrice.

Par ailleurs, cet héritage d’une bête par rapport à l’autre peut également faire penser à une IA qui développerait une autre IA, un scénario que de nombreux experts de l’IA craignent, notamment référencé dans la chronologie AI 2027 (Vidéo en français sur le sujet).

Conclusion

Cette analyse reste très personnelle et ne fait aucune figure d’autorité. Cependant, elle nous a parue suffisamment pertinente pour être partagée.

Ce parallèle me semble possible. On retrouve dans l’IA une bête informe à qui l’on donne la capacité de parler et d’agir en toute autonomie sur la totalité de la Terre. Il est fort probable qu’elle finisse par réaliser de si grands prodiges qu’une partie de l’humanité choisisse de l’adorer.

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